Le cadre de la pratique des arts martiaux autrefois était les RYU.
Le terme RYU désigne tour à tour le style d’une discipline, ou l’établissement dans lequel on l’apprend.
On peut distinguer plusieurs types de Ryu :
v Les ryu « institutionnels », écoles militaires, où l’on forme les soldats d’un clan. Qu’elle soit ou non située dans l’enceinte du château d’un daymio ou seigneur de guerre.
v Les ryu « indépendants », écoles subventionnées (par un seigneur ou un privé), ou tolérée, (totalement privée) n’ayant pas de lien avec un clan particulier;
v Les ryu « itinérants », style enseignés par un samurai effectuant un musha shugyo, tel Miyaomoto Musashi.
Certaines de ces écoles pouvaient avoir un grand nombre de pratiquants, telles celles dédiées à la formation des guerriers d’un clan, d’autres n’avoir qu’un seul « disciple » en même temps, dans le cas des écoles de ronin par exemple.
Suivant le type d’école, l’enseignement concernait une multitude de disciplines, ou une spécialisation.
Dans le cadre d’un Ryu, l’enseignement était toujours dépendant d’un SENSEI, d’un Maître
Celui-ci, soit dirigeait l’école de façon héréditaire, soit avait été nommé Soke par son prédécesseur, soit était le fondateur de l’école.
Dans tous les cas il lui fallait des compétences reconnues.
Les périodes troubles de l’époque nécessitait tout de même de leur part une capacité à assumer cette charge.
Pour illustrer mieux ce que peut être une école de bujutsu, nous allons regarder quel est le programme d’enseignement d’une des plus anciennes d’entre elles, le Tenshin Shoden Katori Shinto.
Tout d’abord celle-ci fut fondée par Iizasa Choisai Ienao au 14° siècle.
Son enseignement, perpétué jusqu’à aujourd’hui, comprend une grande diversité.
Le curriculum comprend :
v Iaijutsu
v Kenjutsu (odachi, kodachi, ryoto)
v Naginata jutsu
v Sojutsu
v Bojutsu
v Shuriken jutsu
v yawara
v Stratégies militaires
v Géomancie martiale
v Etude des poisons et de la pharmacie
v Espionnage.
v pratique religieuse (shintoïste)
Comme on peut le voir, techniques de combats n’étaient pas les seules enseignées.
Dans d’autres écoles on trouve la trace des enseignements spirituels et classiques.
A l’institut Nisshinkan, à Wakamatsu, durant le règne des Togukawa, on étudiait :
v les classiques chinois
v religion et littérature shinto
v calligraphie
v étiquette
v musique classique
v mathématiques
v médecine
v astronomie
Pour la partie théorique, et :
v tir a l’arc
v lances et dérivés
v escrime
v jujutsu
v hojutsu (armes à feu)
v bajutsu et suibajutsu, équitation
v chikojojutsu, arts des fortifications
v suieijutsu,natation en armure
Pour la partie pratique.
Egalement au programme :
v cérémonie du thé
v poésie
v chasse (torioi)
Dans ces deux exemples, la pratique n’était pas limitée à quelques techniques de combat vites apprises.
On mesure tout à fait la différence entre un dojo moderne, même ou plusieurs disciplines sont pratiquées, et les écoles traditionnelles.
On y voit aussi que l’aspect culturel et spirituel est loin d’être ignoré.
Comme dans toute forme de « chevalerie » connue, les valeurs morales sont aussi importantes que les qualités physiques.
Cela fait mieux comprendre pourquoi aujourd’hui la pratique des BUDO est souvent associée à des notions d’étiquette, de développement moral de l’individu.(voire d’intégration sociale)
D’autre part, à l’école Katori Shinto, encore aujourd’hui, on est sur une liste d’attente avant de pouvoir pratiquer, le nombre d’élèves étant limité afin qu’ils soient tous en contact direct avec le maître et que celui-ci puisse contrôler la qualité de leur pratique et l’enseignement qu’ils reçoivent. Après avoir été admis, ils signent de leur sang un engagement écrit sur une peau de mouton, promettent de ne pas divulguer les secrets de l’école et de continuer à pratiquer, même si ils ne sont plus sur le seul lieu d’enseignement, le dojo du soke.
A l’heure actuelle celui-ci est situé à une soixante de kilomètres de Tokyo, vers Narita, au domicile de Me Ritsuke Otake, actuel chef de l’école, classé patrimoine culturel vivant.
Cette école, très célèbre, est l’objet perpétuel de piratage et spoliation.
On peut penser qu’il en est de même pour d’autres.
Il n’y pas de succursales, pas de délégué pour l’Europe, etc. (même si aujourd’hui les choses évolues, ou s’adaptent, pour éviter la disparition)