Ryoma Sakamoto

Sakamoto Ryoma
Samouraï et homme politique japonais. 3 janvier 1836 – 10 décembre 1867.

Sakamoto Ryoma reste dans l’Histoire du Japon comme une des figures du mouvement moderniste. Par sa compréhension des enjeux politiques de l’ouverture du pays, il contribua à la transition entre un Japon féodal et un Japon moderne. A sa mort la révolution Meiji pouvait commencer.

Naissance d’un japonais anonyme 

Rien ne prédestinait Sakamoto à devenir un samouraï visionnaire, si ce n’est sa passion pour la politique.

Sakamoto Ryoma naît sur l’île de Shokoku dans la province de Tosa, dans l’actuelle préfecture de Kochi. Il grandit au milieu de ses 4 frères et sœurs dans une famille plutôt aisée qui a acquis sa situation grâce à une brasserie de saké prospère. C’est un garçon discret qui gardera un mauvais souvenir de son passage à l’école, il y est souvent battu par ses camarades. L’une de ses sœurs ne pouvant supporter cette situation décide de l’inscrire dans une école d’escrime. Il y découvrira une discipline et la capacité de se dépasser face à l’adversité. Il en sortira avec un excellent niveau de sabreur.

Très tôt, jeune adulte, il se passionne pour la vie politique de son pays et est très marqué par la venue au Japon du commodore Perry en 1853 qui oblige le Japon à s’ouvrir. Il est fasciné par la puissance occidentale, mais au fond de lui il ne peut accepter que son pays devienne une simple colonie. Grâce à ses parents, il achète le statut de samouraï marchand, un statut peu enviable mais qui lui permet de côtoyer des guerriers très préoccupés par les problèmes politiques du Japon. C’est durant cette période qu’il forge sa conscience politique et le patriotisme qui ne le quittera plus.

 

Du patriote traditionnaliste au samouraï moderne 
Rapidement, il s’engage dans un patriotisme intransigeant très répandu parmi les samouraïs. Son but est de promouvoir l’empire contre les « dangereux barbares » venus d’Occident. A cette époque, se noue l’opposition entre les partisans du Shogun Tokugawa et ceux de l’empereur. Il est alors remarqué par Takechi Hanpei qui le recrute et l’intègre dans un groupe d’opposition à Tokugawa dans la province de Tosa. Il est même mêlé à une série de complots contre le pouvoir shogunal, il est alors banni de sa province natale. Dans une rage folle contre le pouvoir Tokugawa, il devient rônin, samouraï sans maître, et radicalise encore plus sa position. Il monte comme projet l’assassinat d’un haut dignitaire du shogunat, un fervent partisan de l’occidentalisation du pays, Katsu Kaishu. Mais bizarrement, lorsqu’il rencontre sa future victime, Sakamoto Ryoma change d’avis. Katsu Kaishu le persuade alors de la nécessité pour le Japon de se réformer afin de ne pas devenir un territoire que les occidentaux pourraient se partager à l’image du « gâteau chinois ». L’objectif de Kastu Kaishu est d’ouvrir le pays pour son développement économique et grâce à cela faire du Japon une puissance militaire incontournable en Asie pour être un véritable interlocuteur pour les Occidentaux. Il veut éviter par-dessus tout de tomber dans la sphère d’influence des Européens ou des Américains. L’argument fait mouche chez le jeune samouraï.

 

Non seulement Sakamoto n’assassine pas Kastu Kaishu, mais il devient quasiment son disciple. Sans renier son opposition au shohunat Tokugawa, il est désormais à la pointe du mouvement moderniste visant à l’ouverture du pays tout en y défendant un certain patriotisme fidèle aux traditions. C’est à l’image de cette dualité qu’il conserve l’habit traditionnel des samouraïs tout en portant des chaussures occidentales.

Toujours errant, en 1864 il est à Kagoshima dans la province de Satsuma. Il y croise de nombreux opposants au shogun. Il est alors mandaté pour négocier un accord entre le clan Satsuma et le clan Chõshu. C’est aussi lors de son passage à Satsuma qu’il s’intéresse à la marine et travaille à la création d’une force navale avec l’aide des occidentaux. Il créé à Nagasaki la première société anonyme moderne du Japon, la Kameyamashachu, une sorte de marine privée.

Les honneurs et la fin dramatique 

En 1866, les provinces rebelles contre le shogunat l’emportent. L’armée Tokugawa est défaite et Sakamoto Ryoma apparaît comme une personnalité incontournable. Il retourne dans sa province natale de Tosa où il est accueilli en héros. Il joua un dernier rôle dans des négociations régionales afin d’éviter la chute dans le sang des Tokugawa et l’émergence d’une nouvelle force politique incontrôlable.
Quelques mois après la chute du shogunat, Sakamoto est assassiné dans une auberge du quartier de Kawaramashi à Kyoto. De sérieuses zones d’ombres ont plané quant aux circonstances exactes de sa mort et sur l’identité de son assassin. Il semble que les ex polices spéciales de la fin du shogunat – le Shinsengumi et le Mimawarigumi – aient été impliquées mais sans pouvoir déterminer qui fut l’auteur de ce crime. Sakamoto Ryoma meurt à l’âge de 33 ans. Cette fin dramatique fait de lui un héros national, un homme essayant sans cesse le compromis entre l’ouverture au monde, le développement et un Japon fier de son histoire et de ses traditions. L’aéroport de Kochi porte aujourd’hui son nom, un musée est dédié à sa vie. Il inspire toujours autant les auteurs de mangas et les scénaristes de séries télévisées.

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