HARIYA [HARGAYA) SEKIUN 1592 1662

Hariya (Hargaya) Sekiun 1592‑1662 ‑ né à Hariyaga s’initia très tôt au sabre.

Au cours de son existence, Hariya Sekiun disputa 52 duels à mort et n’en perdit aucun. Il fonçait sur son adversaire tel le feu dévorant un peuplier sec. Son art, il l’enseigna à deux niveaux, mental et physique.

Sa citation favorite était : « Surmontez le regret et la peur par la  méditation. Réalisez l’union avec l’univers en pratiquant le Kata. »Un jour, alors qu’il avait dépassé la soixantaine, et que, dans son petit jardin, il était occupé à tailler un arbre fruitier, deux hommes d’une trentaine d’années l’interpellèrent et, d’une façon peu amène, lui demandèrent de bien vouloir les annoncer à Hariya Sekiun.« Je suis Sekiun ». Un éclair de surprise brilla dans les yeux des deux visiteurs, un peu ébahis.« Comment », s’écria celui qui semblait être le plus jeune, « vous, un vieillard. Etes‑vous vraiment Hariya Sekiun ? »

 

Cette impertinence ne désarçonna pas le « vieillard » qui, tranquillement reprit son travail sur l’arbre.

« Je vous parle, monsieur, dit le plus jeune, nous avons entendu parler de votre coup magnifique, celui que vous‑même n’hésitez pas à appeler un don du ciel. Eh bien, on n’y croyait pas avant, on y croit encore moins maintenant qu’on vous a vu. «C’est bien, l’entretien est terminé, vous pouvez partir» répondit Sekiun qui, pas un instant ne se départit de son calme.

Voyant qu’il était inutile d’insister, les deux retournèrent en ville et, avec

une mauvaise foi évidente, répandirent le bruit que Sekiun, usé, sans réaction, avait craint de les affronter. Il se passa peu de temps avant que quelques personnes qui connaissaient bien Sekiun, leur disent qu’ils avaient du mal à les croire. Aussi, animés d’un esprit nouveau de provocation, reprirent‑ils le chemin de la demeure de Sekiun.

< C’est la seconde fois que nous venons vous voir » dirent les deux acolytes.

« Et c’est la seconde fois que je vous demande de vous éloigner » répondit calmement Sekiun.

Un peu honteux et désappointés, ils repartirent vers la ville et de plus belle, continuèrent à diffuser le bruit du refus de combat de Sekiun.

« Il a peur, parce qu’il est vieux et liquidé » affirmaient‑ils avec superbe.

Et maintes personnes d’avoir le courage de leur répondre: « On le connaît, s’il refuse de vous affronter, c’est qu’il a pitié de votre vie. »

Cette dernière remarque, peu obligeante, il faut l’avouer, les rendit furieux et, derechef, ils foncèrent chez Sekiun, cette fois, le provoquant en duel à mort, ce qui ne manquait pas de panache. Pour la troisième fois, l’intéressé se récusa. Mais les deux provocateurs, à la recherche de la gloire se montraient pressants.

« Puisque vous insistez, venez donc avec casque et armure. N’oubliez pas votre sabre afin de garder une chance, même minime ; j’utiliserai un sabre de bois pour égaliser les chances dans le duel» dit Sekiun, relevant superbement, mais sans forfanterie, le défi imprudent.

Plus tard, le plus âgé des deux, celui qui n’avait participé ni à la discussion ni au combat raconta : « Ce fut émouvant mais si rapide; Sekiun fit face à mon ami. Dès que tous deux furent à la distance réglementaire, Sekiun asséna un coup apparemment bénin sur le casque de son challenger, qui, pourtant, de par son âge, était une force de la nature. A ma stupéfaction, il s’effondra comme un fruit mûr. Il tomba près de l’arbre voisin, le sang coulait de ses lèvres. Quand, par devoir, je m’approchai de lui pour le secourir, il était mort. Quel genre d’homme était donc ce Sekiun ?

Le narrateur, peu expansif, omet d’ajouter qu’il ne fit rien pour venger son ami, conscient de ce qui l’attendait.

Sekiun n’était pas un homme de préceptes, mais volontiers, il faisait état de ce qu’« il faut saisir la vie à pleines mains et en extirper les gouttes. Chaque matin, il faut entamer la journée comme si elle était la dernière. »

Sekiun était un de ces phénomènes qui avait dû dompter le regret et la peur; sa place au’sommet des grands n’est donc absolument pas usurpée.

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