1° Le concept
Plusieurs éléments sont à prendre en compte.
- La période de paix au Japon posa le problème de « l’occupation » des samurai. Laisser inactifs et sans contrôle des gens d’armes habitués à l’action pouvait être dangereux pour la stabilité sociale. D’autre part les maintenir en forme au cas où n’était pas inutile.
Ceux ci représentaient dans l’esprit populaire une sorte « d’homme idéal », fort physiquement, habile techniquement, et régit moralement
- par un code de conduite et d ‘honneur le Bushido, également cultivé puisque l’étude des classiques, poésie etc. faisait partie de son bagage.
- Les influences confucianistes venues de Chine, vinrent couronner le tout.
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que ce modèle soit proposé à la société japonaise, et que les disciplines et techniques pratiquées soient utilisées comme véhicule d’apprentissage.
On ne peut nier d’autre part que toutes les qualités développées par une pratique assidue des kobujutsu, tant sur le plan
physique (endurance, résistance, habileté), sensoriel (perception de l’environnement, adaptation rapide aux changements de situations), psychologique (domination de la peur, de la souffrance, abnégation et don de soi pour le seigneur ou une cause « juste ») peuvent être utiles ailleurs que dans le combat.
Posséder de telles qualités dans tous les aspects de la vie de doit pas être désagréable.
La voie du guerrier devint donc la voie à suivre par l’homme pour atteindre « l’auto perfection »
2- La méthode.
Les moyens employés sont de deux catégories principales.
- Les méthodes de transmission du savoir, le cadre de l’enseignement.
- Le reishiki et les valeurs morales affichées.
a) je ne reviendrais pas sur les Kata, dont l’utilité a été fort bien définie dans le précédent numéro.
b) Un des éléments essentiel de la transmission est le cadre de celle ci.
Le cadre privilégié est le RYU, l’école, et le Sensei qui la dirige.
Nous reviendrons plus en détails sur ces deux aspects, mais l’on peut dire que l’enseignement était comprit selon la formule Isshin denshin, de maître à disciple, d’âme à âme.
Nous avons connu ceci avec les compagnons et apprentis chez nous.
D’où peut d’élèves à la fois, dont la progression est contrôlée uniquement par le Sensei.
c) Le reishiki est l’étiquette. Cadre de conduite en groupe (comme toute société) l’accent y est aussi mis sur ce qu’elle peut apporter tant dans le combat que dans la vie.
3- Quelles disciplines sont concernées ?
En fait très peu.
Tout d’abord pour devenir un kobudo il faut avoir été un Kobujtsu. Cela paraît stupide mais vu ce qui ce passe aujourd’hui dans l’apparition de nouvelles disciplines et les noms et justificatifs qu’ils trouvent, il n’est peut être pas inutile de le rappeler.
Ensuite il faut que les Soke successifs, chefs d’école, aient permit cette transformation et cette ouverture de leur tradition au grand nombre.
D’autre part il faut aussi que la discipline concernée possède le curriculum et les moyens pour devenir une méthode éducative complète. Une tradition dont l’étude serait faite en six mois et où la technique se résume à quelques mouvements ne représente pas un système éducatif cohérent et complet.
DONC NOUS TROUVONS :
Kyudonissu de kyujutsu
Iaido issu de iaijutsu
Jodo issu de jojutsu
Le Kendo issu du kenjutsu ,ayant muté en sport.
4- Y a-t-il transformation de la technique ?
A en croire la prose de certains il s’agit de la question du siècle !
Les préoccupations d’efficacité en combat semblent être le souci majeur de ces derniers.
Nous reviendrons sur ce sujet plus tard en abordant les Shinbudo.
En ce qui concerne les Kobudo cette préoccupation paraît déplacée.
Un sabre coupe, un coup de bâton fait mal, une flèche perce.
De plus ces méthodes de combat sont désuètes aujourd’hui.
Bien entendu les buts poursuivis par les pratiquants contemporains ne nécessite pas les mêmes impératifs qu’autrefois.
Un guerrier devait être rapidement efficace pour être lancé sur le champ de bataille rapidement.
La notion de temps n’est plus la même.
Le propos éducatif est différent.
L’ordre des priorités est donc changé, l’efficacité est une conséquence de l’aboutissement du processus de réalisation de soi dans la pratique. Son domaine n’est pas que le combat, elle se traduit aussi dans les autres actes ainsi que dans les relations sociales.
Enfin, les changements techniques dépendent également des maîtres qui ont enseigné.
Le pratiquant doit chercher une efficacité dans l’exécution des ses techniques, mais son objectif n’est pas le combat.
5- La place du KOBUDO aujourd’hui.
Je pense sincèrement que étant donné les évolutions des sociétés modernes, ces disciplines proposant une étude longue, éprouvante physiquement et moralement, sans garantie de réussite, où la compétition, les titres, les récompenses visibles par les autres, sont absentes, véhiculant des valeurs morales en contradiction avec le mode de vie de plus en plus individualiste et « consommateur » de sensations immédiates, reproductibles facilement à loisir, valorisantes dans le présent aux yeux des autres, n’attirerons jamais beaucoup d’adeptes.
L’objectif du KOBUDO, du BUDO en général, est de permettre à l’homme de comprendre par une pratique basée sur un apprentissage complet, partant du corps, de la sensation, de manière intuitive et non intellectualisée, les lois de la nature et de l’univers, afin d’y mieux vivre (non dans le passé), et de contribuer par cet état et ses comportements à améliorer la société.